Qui a eu cette idée folle ... [Libre]

Mon dieu … que d'agitation pour un jour d'une importance pourtant très douteuse. Oui, bon d'accord c'était la rentrée, trop cool, on allait pouvoir recommencer à s'emmerder en cours, génial. C'était tellement motivant que j'en aurais pleuré de joie si je n'étais pas doué d'un minimum de retenue. Non mais franchement, j'étais arrivé en avance, profitant du fait que je n'habitais qu'à une centaine de mètres de là, dans le seul et unique but d'éviter d'avoir affaire avec la foule. Manque de pot, ils étaient tous venus en avance, enfin presque tous mais ceux qui étaient déjà là suffisaient largement à me démoraliser. Entre les groupes de filles qui jacassaient en gloussant dans leur coin, attention, je n'ai rien contre les représentantes de la gente féminine mais il faut bien avouer que les spécimens de ce type sont particulièrement énervants à entendre, heureusement elles ne sont pas toutes comme ça ici … j'espère en tout cas. Il y avait aussi les types qui restaient ébahis devant la splendeur du batîment, bon il fallait l'avouer, ça en jetait mais c'est normal parce que c'est neuf, c'est la deuxième année qu'il accueille des élèves, pas de quoi s'extasier. Il y avait aussi les groupes de vieux potes qui s'étaient entassés dans un coin et observaient les autres l'air de se demander s'il n'avait pas affaires à des extras-terrestres notoires. Ah non mais là franchement, l'année était prometteuse, j'avais matière à me foutre de la gueule de tout le monde.

Alors évidemment, dans le tas de tout les lycées, il y en avait quelques uns comme moi. Autrement dit des mecs tout seuls, qui débarquait et n'avait pas particulièrement envie de se lier avec un groupe déjà établi. Parmi ceux là, il y en avait pas un qui me paraissait plus intéressant que les autres, c'est bizarre, d'habitude c'est ceux là qui sont les plus étranges, et donc c'étaient forcément ceux avec qui je m'entendais le mieux. Enfin bref, peu importe je verrais bien plus tard, tout ce joli, ou presque, petit monde était entassé devant les grilles de ce fameux lycée. Parce que, bien évidemment sinon ce n'est pas marrant, ils n'avaient pas encore ouvert alors que c'était sensé être fait depuis dix minutes. Je la sens vraiment bien cette année, franchement. Etant toujours en mode « Attente » j'en profitais pour observer ce qui allait être mes … camarades pour les années à venir. La plupart était habillé très « à la mode », chose que je n'avais jamais cherché à comprendre, mais aussi assez chaudement parce qu'il fallait bien admettre qu'il faisait plutôt froid. Bon, il fallait aussi dire que la majorité des élèves étaient des Elfes et des humains qui ne disposaient donc pas des ailes qui tenaient si chauds aux anges. C'est d'ailleurs pour cela que j'étais habillé que d'un t-shirt gris et d'une veste longue de couloir noire, bon y aussi le pantalon noir bien sûr et les chaussures … noires vous avez deviné, j'aime le noir. Mes ailes s'étaient enroulées autour de mon corps pour me tenir chaud et je remarquais que la plupart des autres ange avaient fait de même, pour ceux qui avaient des ailes suffisamment longues pour cela.

Ah tiens, ils ont enfin ouvert. Eh ben c'est pas trop tôt. Sans réfléchir d'avantages, je me dirige directement vers l'entrée pour prendre possession des lieux. Je fend la foule le plus vite possible, ne faisant guère attention aux réactions suscitées. Un type gueule quelque chose d'incompréhensible, je ne sais pas trop à qui il s'adresse mais dans le doute je ne réagis pas et continu sur ma lancée. Les grilles sont aisément traversées, le type qui est venu les ouvrir, je ne sais pas encore qui c'est dans la hiérarchie scolaire, salué à la va vite mais tout de même poliment. Mes yeux cherchent déjà quelque chose, quelque chose d'important, nécessaire à ma survie : un banc. Rapidement, il y en a un qui se présente à mes yeux, le truc simple, en bois peint, vert. Pas trop moche mais c'est pas non plus la top-classe, on dirait qu'ils ont pas essayés de faire trop moderne pour la décoration, je m'en plaindrais pas. Enfin, je m'installe sur ce fameux banc, jetant un coup d'œil à ma montre pour constater qu'il me reste encore 20 bonnes minutes à attendre avant que nous devions aller en cours, coup de bol, j'ai eu le temps de consulter les classes et donc le lieu où je devrais me rendre en premier. C'est l'avantage de rendre son dossier en urgence vers la fin, on peut jeter un coup d'œil aux papiers qui trainent. Bon allez, il va falloir le tuer ce temps, je me met bien au centre du banc, histoire de prendre le plus de place possible et je fixe mes yeux sur la grille, attendant tranquillement que d'autres lycéens daignent entre, j'aime observer les autres, ça me permet de me dire que je suis pas si mal après tout ...

Wholala... La rentrée, si c'est pas malheureux comme jour ça ? Les élèves se bousculent, les professeurs qui râlent déjà de leurs emplois du temps pourris. A croire que si on était pas dans la Zone Test, il pourrait y avoir une émeute incroyable. Ayant déjà pris connaissance de manière peu légale ma classe, j'attends patiemment que tous ce beau monde ait pénétré dans l'enceinte infernale du lieu où l'emmerdement est à son apogée. Tout ça dans le but d'en ressortir plus érudit. Ou pas, si on prend note que la plupart des actuels élèves sont des redoublants. Que dire de plus dans le chaos total qui règne ?

Sûrement rien de plus. Après tout, c'est un jour banal, comme on en verra d'autres. Les gens se serrent la main, se saluent amicalement, traînent en bande de vieux amis prêt à se raconter ce qu'ils ont fait de beau durant leurs vacances, qu'ils ont probablement trouvé vraiment courtes. Pour ma part, les vacances se sont déroulées impeccablement : seul dans mon studio, je perfectionnais mon doigté au piano, car il est vrai que j'adore cet instrument. J'ai joué parfois des heures sans m'arrêter, l'inspiration pratiquement inépuisable. Et maintenant, je viens au Lycée Inter-Espèce, me confiner dans des salles de classes pleines d'élèves de races et de styles différents. Il y en a tellement à décrire qu'en faire une liste complète serait fou : on trouve par-ci par-là des humains anarchistes, des elfes hippies, et j'en passe des pas meilleurs. Lorsque tout ces êtres passent la porte, on se demande concrètement s'ils font parti du corps scolaire, on dirait plutôt un troupeau de bœufs. D'ailleurs, l'un d'entre-eux, ceinturé de ses propres plumes blanches comme tous les anges-blancs qui savent se servir de leurs plumes, s'est avancé sans prendre garde à qui que ce soit, ce qui lui a valu quolibets, insultes et diverses phrases peu sympathiques à entendre que lui lance la foule.

Il avance, avance toujours, et s'assoie finalement sur un banc, tourne sa tête vers la grille, et profite du "spectacle". Il a l'air passionné par l'attitude des gens qui s'avancent vers le Lycée. Étrangement, ce regard filtrant m'est familier... J'ai l'intime persuasion qu'il me regardait déjà, ou plutôt qu'il m'a analysé en quelques secondes en regardant les gens avant l'ouverture de la grille. Je n'aime pas du tout qu'on m'observe comme ça, et il a l'air de m'avoir encore aperçu en entrant, assis sur son banc. Hum... Une petite explication s'impose je crois.

- Hmmm dis-moi toi. Comment tu t'appelles ?

Surtout paraître amical me semble être la meilleure solution pour bien commencer une conversation.

- Bah, peu importe. Je vois que tu es très intrigué par l'arrivée des élèves, et pourtant tu en es un. Qu'est-ce qui te passionnes comme cela ?

Tiens, tiens … Voilà qui promettait d'être relativement intéressant pendant au moins une ou deux minutes. Bien sûr, j'espérais que cela le soit plus longtemps mais je ne me faisais guère d'illusion, les évènements intéressants étaient déjà rares, je ne vais pas en plus leur demander de durer trop longtemps. Enfin bref, cet événement se matérialisait par la présence d'un jeune homme, probablement un lycéen aussi, qui se dirigeait droit sur moi, sans doute avait-il remarqué que je l'avais fixé un certain temps, dommage je n'avais rien trouvé de bien intéressant chez lui à première vue. Mais peut-être que cela allait changer. Toujours est-il qu'il venait me voir et s'était même campé devant moi il y a quelques secondes pour me demander mon nom. Si c'est pas la question débile par excellence ça, comme si on en avait quelque chose à faire de mon nom …

Ben tiens, pour lui apprendre, je vais le faire poireauter quelques secondes avant de lui répondre. Je vais même en profiter pour l'observer de plus près cet ange blanc. Il a des petites ailes en tout cas, je sais bien qu'il y en a de toute taille mais par rapport à la moyenne, celles ci sont vraiment petites. Et puis il est plutôt maigre aussi, enfin je ne pense pas qu'il atteigne mon niveau mais quand même, c'est pas tout les jours qu'on en croise des comme ça. Mouais, il est peut-être digne d'intérêt ce petit là, oui je vais l'appeler petit même s'il ne doit faire que 5 cm de moins que moi, 7 grand maximum. Tiens, il a parlé de nouveau avant que je réponde, décidément, il m'intéresse de plus en plus ce mec.

- Ouais peu importe, c'est mieux, ça m'évite de devoir faire semblant de m'intéresser à ton nom. Alors qu'est-ce que tu veux ?

Je prenais une mine décontracté et glissait légèrement sur mon banc, comme pour me coucher à moitié et ainsi montré encore mieux que je suis détendu.

- Ce qui me passionne ? Rien … Absolument rien. Mais ça permet à mon ego de se sentir un peu mieux. Parce que quoi que tu soit, tu trouveras toujours pire que toi dans cette foule d'abruti.

Lentement, je redressais la tête, mes yeux remontèrent vers lui pour fixer son visage, un joli visage d'ailleurs, il devait déjà avoir quelques conquêtes à son actif ce petit. Nan décidément, j'adore l'appeler comme ça, je crois que j'vais continuer encore longtemps.

- Et toi ? Qu'est-ce qui t'intéresse tant chez moi pour que tu daigne venir me parler ?

Je m'apprêtais à replonger tranquillement la tête vers mon banc, attitré désormais, mais je me ravisais au dernier moment et prononçais avec un sourire.

- Au fait, tu peux m'appeler Raphaël. Et toi p'tit, c'est quoi ton nom ?

C

A

C

M

- Tu es magnifique ma chérie, n’ai pas peur, ça va bien ce passer.

M

- Je n’ai pas peur… Je devrais? Je resterais en sécurité avec les anges noirs que tu envoie avec moi, ils seront combien déjà?

- 10, les meilleurs. Fort, fidèles, réactifs, discret, tout ce qu’il te faut. Mais si tu préfère rester ici, dis-le, j’enverrais quelqu’un d’autre.

- Non, j’irais.

V

- Bien, je dois a présent me préparer, je ne vous retiens pas plus longtemps.

Je le trouve vraiment spécial pour un ange blanc. Son attitude décontractée, sa façon de parler, sa vision des choses. Même son attitude envers moi est suspecte. Ou alors peut-être ne cherche-t-il après tout qu'un malheureux prétexte pour me faire déguerpir. Cependant, je trouve qu'il me regarde plus avec appréhension qu'avec mépris. Finalement, il ressemblerait plus a un ange noir, si ses grandes ailes ne possédaient pas la couleur lumineuse caractéristique de la race. Étonnamment calme, décontracté, limite affalé sur son banc, il me fixe de son regard pénétrant. J'essaye de rester impassible, comme si on me passait aux rayons X. Cette sensation est incroyablement prenante, je l'envie presque, lui qui doit fulminer derrière ses yeux verts pétillants de malice. Par principe, je le laisse savourer encore un peu, puis répond, sans intonation :

- Ashram. Mais appelle moi comme tu veux, ça m'est égal, bien que je préfère tout de même que l'on m'appelle ainsi.

A mon tour je m'apprête à l'examiner sous toutes les coutures. Bien que sa psychologie soit étonnante, il reste physiquement assez banal : maigre, grand, ailes de taille légèrement supérieure à la moyenne.
Moui, il est tout à fait classique en réalité. Mais passons les grandes lignes, et revenons au centre d'intérêt, ce qui me met le plus mal à l'aise dans ma situation : son visage. Si on oubliait ses yeux, je n'aurais absolument aucune raison de me sentir aussi mal, car il est tout ce qu'il y a de plus anodin. Ce sont ses yeux qui font absolument tout chez lui j'ai l'impression. Charme, sentiments, humeur, tout passe par là. C'est même à se demander comment il peut se servir uniquement de deux organes pour faire autant d'actions, parfois simultanées. Redoutables cette paire d'yeux.

- Sinon j'avoue que tu as raison, on trouve toujours pire que soi dans le monde.

Bien qu'il reste impassible, je continue à me sentir mal. D'où peut bien venir ce malaise. Je dois me calmer, sinon ça lui donnera une bonne raison de m'envoyer balader. Incroyable comme le moindre faux pas peut tout faire planter alors qu'il faut énormément de choses pour ne serait-ce que sympathiser avec quelqu'un.

- Et pour ta question, au début rien ne me faisait chercher en toi le moindre intérêt. Lorsque tu as posé tes yeux sur moi, j'ai comme eu le sentiment d'être analysé par quelque chose qui me dépasse totalement. Je voulais savoir comment tu as fait pour acquérir cette capacité de rester impassible tout en faisant douter tes interlocuteurs. Moi je suis nouveau, je découvre seulement la Zone Test depuis quelques temps. En gros si tu le veux bien, j'aimerais bien qu'on se fréquente, histoire de faire mieux connaissance, peut-être de devenir amis. Évidemment, si tu refuses je comprendrais très bien, on se connait à peine depuis 5 minutes...

Voilà, je pense que c'est tout. Plus la peine de lui parler, je suis sûr qu'il est même capable de deviner ce que je pense. Il est vraiment... fascinant.

Raphaël laissa son regard divaguer sur le jeune homme qui lui faisait face pendant un long moment. Il l'avait laissé parler, monologuer plutôt vu la longueur de la réplique, sans la moindre réaction visible, comme s'il s'en fichait, ce qui n'aurait absolument rien d'étonnant dans le cas qui nous occupe. En vérité, ce n'était pas tout à fait le cas puisqu'il avait absorbé la plus petite parcelle d'informations qu'avait osé exhaler le corps et le visage du jeune Ashram. Comme il l'avait si bien dit, ces étranges yeux d'un vert foncés semblaient vouloir percer la tête de son interlocuteur pour en extirper les pensées. Cette fois, c'était bien pire que précédemment car les yeux du jeune homme ne semblait plus vraiment désintéressé, bien au contraire, ils semblaient … curieux. Une curiosité malsaine, dérangeante. Une curiosité qui ne devrait pas avoir sa place dans les pupilles d'un ange blanc mais qui était bel et bien là, fixant les yeux d'Ashram avec une intensité des plus étranges. Et puis, le petit eut de la chance, comme si ces prunelles s'étaient brusquement désintéressés de lui, elles se baissèrent sur le cadran d'une montre, montre qui se trouvait au poignet de Raphaël. Sa voix, à la fois simple et amusé énonça simplement.

- Trois minutes et quarante secondes pour être exact.

Le visage se redressa de nouveau vers Ashram mais cette fois, les yeux n'avaient plus cette étrange lueur au fond de leurs iris, ils semblaient simplement joueur. D'ailleurs, le petit sourire en coin qui éclairait les lèvres du jeune homme semblait confirmer cette impression, il s'amusait beaucoup. Oui décidément, son interlocuteur était bien plus intéressant qu'on n'aurait pu l'imaginer. Il leva le bras et son index se déploya, désignant le menton du petit ange blanc. Un geste qui n'avait aucune importance à ses yeux mais qui donnait une certaine intensité, un certain suspense à la scène. Enfin, les lèvres fine du jeune homme s'agitèrent de nouveau.

- Toi … tu me plait bien. Et tu as tout à fait raison, tu as été observé par quelques choses qui te dépasse totalement : en l'occurrence : moi !

Son sourire s'accentua, en même temps qu'il émettait un petit ricanement pour signifier aux crétins qui n'auraient pas compris qu'il était en train de plaisanter. Il resta ainsi quelques instants puis ses yeux et son visage retrouvèrent leur sérieux en un instant et se fixèrent de nouveau sur son interlocuteur.

- Bon alors … Ashram … Bon je te préviens, y a des chances que je t'appelle plutôt « Petit » dans un premier temps, et dans un second temps aussi remarque. Donc tu vois, tu me paraît être le type le moins atteint de ce lycée. Ou alors tu es le plus atteint de tous mais dans les deux cas, tu es plus intéressant que les autres. Bref, je pense que je vais accéder à ta requête, on va se fréquenter. Prépare toi pour des années de torture mentale et de souffrance endurées stoïquement.

Les mots coulaient de sa bouche comme s'ils étaient tout à fait normaux et donnaient l'impression d'être parfaitement adaptés à une conversation courante comme celle à laquelle le jeune Ashram aurait put participer s'il n'était pas tombé sur notre cher Raphaël.

- Et pis, j'vais t'apprendre à jouer à un truc … Tu verras, tu va pas t'emmerder. Après, je garantis pas que tu t'en sorte en parfait état de santé mentale et/ou physique mais voit le bon coté des choses : Tu te seras pas emmerdé avec un de ces groupes d'abrutis.

Le jeune homme fit un geste vague pour désigner la foule qui s'était amassé devant les grilles de ce bâtiment infâme dans lequel ils allaient passer une bonne partie des années qui vont suivre. Il se pencha ensuite comme pour camoufler son visage et fit signe à Ashram de se baisser aussi pour se mettre à son niveau, prenant l'air d'un comploteur, il déclara à voix basse.

- Quant à mon regard jeune disciple. Ce n'est qu'au bout d'un long travail sur les autres et sur toi même que tu arriveras, éventuellement, à produire cet effet si particulier. Et encore, t'auras sûrement pas mon niveau. Fréquente moi quelques mois et tu devrais pouvoir faire un peu flipper, quelques années et … on verra bien à ce moment là.

Soudain, la tête du jeune homme se redressa en direction de la grille et ses yeux vert foudroyèrent du regard la foule comme s'ils cherchaient les responsables de quelque chose qui le dérangeait particulièrement. Il y avait de l'agitation devant le lycée, quelques choses se préparaient … probablement une cérémonie qui aurait lieu dans la suite de la journée. Une inauguration peut-être, une visite … Oh et puis peu importe, les yeux vert se plantèrent à nouveau dans ceux d'Ashram.

- Il ne nous reste plus beaucoup de temps avant la sonnerie, tu as peut-être une objection à formuler ?

L'intonation de sa voix voulait clairement faire comprendre à son interlocuteur qu'il valait mieux que ce ne soit pas le cas.

Quelques jours plus tôt...

- D'après votre curriculum vitae, vous être titulaire de nombreux diplômes mais vous me paraissez bien jeune pour avoir autant de doctorats...

Le directeur du lycée me fixait avec un certain mépris, il pensait sans doute que mes références étaient peut-être surfaites, l'imbécile. Je croisais mes jambes qui reposaient avec nonchalance sur le bras du fauteuil dans lequel j'étais assis, en face du bureau du proviseur. Mon visage exprimait un sérieux qui ne collait pas avec la position que j'occupais dans mon siège.

- Monsieur, je n'ai peut-être que vingt-et-un ans mais je siège déjà au Conseil de mon peuple depuis la mort de mon père, je n'avais que quinze ans à l'époque... Je suis plus compétent que vous le pensez... Vous pouvez contacter l'Université elfique, elle vous confirmera que j'étais un de leurs meilleurs élèves...

Le Proviseur sembla un peu apeuré à la mention du Conseil des Elfes et il commença sans doute à reconsidérer ma candidature d'un autre œil à ce moment là.

- Vous avez de la chance que vous soyez la seule personne qui se soit présentée pour ce poste qui ait un doctorat en histoire antique... C'est bon, vous êtes pris... Présentez vous le jour de la rentrée... Et prenez ses documents, ils contiennent votre emploi du temps et la liste des élèves des classes que vous aurez à charge...

- Je vous remercie mon cher...

Ce Matin-là...

Les élèves s'étaient amassés devant les bâtiments du lycée, ils s'étaient ensuite répartis dans la cour en groupes ou dans certains cas des jeunes s'étaient isolés des autres, préférant rester seuls. J'étais étonné de voir la banalité qu'il y avait chez la plupart, je me serais attendu à un peu d'originalité dans ce lycée multi-ethnique... Enfin, tout ne peut pas se passer comme on le pensait, sinon la vie serait d'un ennui...

Je m'avançais vers le portail du bâtiment, un chapeau haut de forme sur la tête, ma canne dans la main et vêtu d'un costume noir des plus élégants, je devais sans doute faire tache parmi tous ces jeunes mais cela ne m'importait guère. Je les détaillais du regard, cherchant des disciples à pervertir et des victimes parmi les membres du beau sexe... Je vois déjà vos petits esprits choqués, vous vous dîtes que ce n'est pas possible et que je ne vais pas séduire mes élèves mais réfléchissez, je n'ai que vingt-et-un ans, l'écart d'âge me semble négligeable par bien des côtés. Ainsi mes yeux divaguaient vers ces jeunes filles que je pourrais faire tomber sous mon charme et ses jeunes hommes à qui je pourrais confier une partie de mon savoir sur l'art de la séduction et du mensonge.

Mais enfin, il était temps que j'arrive, la rentrée était dans peu de temps, et il semblait que j'étais en charge d'une classe en tant que professeur principal et ce dès la première heure de cours qui n'allait pas tarder à débuter... Bien entendu, je n'avais aucune idée d'où se trouvait ma salle, ayant trouvé assez barbant le fait de devoir visiter les locaux, je m'étais arrangé pour faire parvenir mes affaires dans ma salle de classe par les employés de maintenance... Je n'aurais plus qu'à les installer tout en accueillant mes élèves... Et trouver la salle en demandant mon chemin à quelque personne passant dans le coin...

Je tombais alors sur deux Anges Blancs qui semblaient discuter, l'un assis sur un banc, l'autre debout. Je pouvais toujours tenter de requérir leur aide, mais en ne me présentant pas comme un professeur, autant voir leur réaction par la suite, je pouvais largement me faire passer pour un lycéen car il est difficile de deviner l'âge d'un adolescent elfe car nous ne vieillissons quasiment pas au cours de notre existence, mes cheveux de neige me donnant aussi un air intemporel. Je leur souriais d'un air amical très artificiel, les fixant de mes yeux de givre...

- Excusez moi... Je suis nouveau... Auriez-vous une idée d'où se trouve la salle F13 ? J'ai cours d'Histoire et de Civilisation mais je ne sais pas où se trouve la salle...

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